Les aventures du Baron de Crac

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Lieu : Paris, France

Un Collet noir, presque dandy, anarchiste aristocrate.

mardi 15 juillet 2008

Album d'images du Baron de Crac

dimanche 30 décembre 2007

Critique

"Si tout un chacun connaît, et souvent sans même les avoir lues, les Aventures du Baron de Münchhausen, et leur publication offre au fil des pages le plaisir délicieux du déjà-vu, on ignore presque toujours son auteur, tant la figure du Baron semble appartenir au fonds immémorial des menteurs et hâbleurs. Sans entrer dans le détail de la genèse et des avatars de cette figure qui a bel et bien existé, il vaut la peine de noter que son “inventeur” allemand, Gottfried August Bürger, connu de toute l’Europe pour ses ballades, appartenait au cercle de Georg Christoph Lichtenberg. Comment ne pas rêver que les aventures du vrai Baron, avant de connaître leur forme définitive, furent, au cours de soirées copieusement arrosées, réinventées et amplifiées et que l’auteur des Aphorismes mit la main à certains des épisodes les plus absurdes."
Patrick Cassou, Le Mensuel littéraire et poétique, n°264.

"Les Aventures du baron de Münchhausen n’ont pas inspiré pour rien quelques cinéastes, de Georges Méliès à Terry Gilliam ou une copie française du nom de Monsieur de Crac. Pourquoi donc cette fantaisie débridée tient-elle si bien la route et délivre-t-elle du plaisir à chaque page ? (...) Dense, le texte est d’autant plus agréable qu’il ne se passe pas un seul instant sans que survienne le plus inattendu. C’est un festival, un feu d’artifice. Et on se réjouit d’en trouver d’autres dans cette nouvelle collection."
Pierre Maury, Le Soir, 20 janvier 1999.

"Le troisième volume de cette jolie collection “Merveilleux” – la réédition, dans la traduction de Théophile Gautier fils, des Aventures du Baron de Münchhausen – illustre avec faste la section des “voyages imaginaires”."
Jacques Baudou, Le Monde, 25 septembre 1998.

"Un bon conseil : ne laissez pas filer sur son boulet de canon ce Tartarin d’Outre-Rhin, il vaut le détour."
Inter CDI, Janvier/Février 1999.

"Si votre enfance a été privée de l’incroyable livre de G.A.Bürger, il est enfin temps de combler ce manque grâce à cette publication des Aventures du baron de Münchhausen dans une nouvelle collection – Merveilleux – que lancent les éditions José Corti. Les récits du plus fameux mythomane de la littérature du 18e siècle sont succulents de drôlerie et ses délires fricotent avec l’hystérie hallucinée d’un Tex Avery au mieux de sa forme. Les histoires n’ont pas pris une ride et font comprendre au lecteur d’aujourd’hui l’influence d’un tel personnage, un pur déjanté, dans l’œuvre, par exemple, d’Italo Calvino. À votre tour, priez donc pour que le Baron vous bourre le crâne de sa folie contagieuse. Irrésistible ! Avec, en prime, les illustrations de Gustave Doré."
Philippe Fusaro, Polystyrène, octobre 1998.

"Pour beaucoup, Münchausen demeure un personnage de pure fiction vivant des aventures invraisemblables. Durant sa campagne contre les Turcs, le truculent baron voyage sur un boulet de canon afin d'enfoncer les lignes ennemies, quand il ne rejoint pas la Lune de la même manière… Mondain, reçu dans les cénacles de la bonne société de Hanovre, Münchausen divertit ses hôtes par son don d'éloquence, ce remarquable talent de conteur où il met en scène ses aventures picaresques, guerroyant tantôt contre les musulmans ou bien chassant des bêtes, ô combien féroces, dans les steppes glacées du nord de l'Europe.
Contribuant à sa légende dorée, les gazettes anglaises et françaises se font l'écho de ses exploits. Outre-manche, ce polyglotte parlant l'allemand, l'anglais et le français est perçu comme un scientifique de renom doublé d'un aventurier… Et c'est grâce à la littérature que le singulier baron va être rattrapé de son vivant par la légende, devenant un héros populaire du patrimoine germanique au même titre que le Petit Poucet des frères Grimm.
Bientôt pourtant, quoique mythomane, celui que ses contemporains surnomment « le baron du mensonge » se rebelle contre ces histoires par trop abracadabrantes dont il ne reconnaît aucunement la paternité ! il devient un vieillard aigri et méfiant… Ayant contracté la fièvre typhoïde, Hieronymus meurt trois ans plus tard. Mais sa vie tumultueuse a depuis longtemps déjà rejoint la légende…"
Point de vue, mai 2002, Gilles Jacques.

jeudi 27 décembre 2007

Extrait

"J’entrepris mon voyage en Russie au milieu de l’hiver, ayant fait ce raisonnement judicieux que, par le froid et la neige, les routes du nord de l’Allemagne, de la Pologne, de la Courlande et de la Livonie, qui, selon les descriptions des voyageurs, sont plus impraticables encore que le chemin du temple de la vertu, devraient enfin s’améliorer sans que l’aide gouvernementale ne soit trop élevée. Je voyageais à cheval, ce qui est assurément le plus agréable mode de transport, pourvu toutefois que le cavalier et la bête soient bons : de cette façon, on n’est pas exposé à avoir d’affaires d’honneur avec quelque honnête maître de poste allemand, ni forcé de séjourner devant chaque cabaret, à la merci d’un postillon altéré. J’étais légèrement vêtu, ce dont je me trouvai assez mal à mesure que j’avançais vers le nord-est.
Représentez-vous maintenant, par ce temps âpre, sous ce rude climat, un pauvre vieillard gisant sur le bord désolé d’une route de Pologne, exposé à un vent glacial, ayant à peine de quoi couvrir sa nudité.
L’aspect de ce pauvre homme me navra l’âme ; et, quoiqu’il fît un froid à me geler le cœur dans la poitrine, je lui jetai mon manteau. Au même instant, une voix retentit dans le ciel, et, me louant de ma miséricorde, me cria : “Le diable m’emporte, mon fils, si cette bonne action reste sans récompense.”
J’en restai là de cette affaire et continuai mon voyage jusqu’à ce que la nuit et les ténèbres me surprissent. Aucun signe, aucun bruit qui m’indiquât la présence d’un village : le pays tout entier était enseveli sous la neige, et je ne savais pas la route.
Harassé, n’en pouvant plus, je me décidai à descendre de cheval ; j’attachai ma bête à une sorte de pointe d’arbre qui surgissait de la neige. Je plaçai, par prudence, un de mes pistolets sous mon bras, et je m’étendis sur la neige. Je fis un si bon somme, que lorsque je rouvris les yeux il faisait grand jour. Quel fut mon étonnement, lorsque je m’aperçus que je me trouvais au milieu d’un village, dans le cimetière. Au premier moment, je ne vis point mon cheval, quand, après quelques instants, j’entendis hennir au-dessus de moi. Je levai la tête, et je pus me convaincre que ma bête était suspendue au coq du clocher. Je me rendis immédiatement compte de ce singulier événement : j’avais trouvé le village entièrement recouvert par la neige ; pendant la nuit, le temps s’était subitement adouci, et, tandis que je dormais, la neige, en fondant, m’avait descendu tout doucement jusque sur le sol ; ce que, dans l’obscurité, j’avais pris pour une pointe d’arbre, n’était autre chose que le coq du clocher. Sans m’embarrasser davantage, je pris un de mes pistolets, je visai la bride, je rentrai heureusement par ce moyen en possession de mon cheval, et poursuivis mon voyage."

jeudi 31 mars 2005

Les Aventures du baron de Münchhausen (Bürger, Collection Merveilleux N°2, Corti, 1998)

Karl Friedrich Hiéronymus, baron de Münchhausen, a bel et bien existé (1720-1797). Officier allemand à la solde des Russes, il combattit les Turcs en 1740. Certainement nostalgique de ses exploits, il s’amusa à les raconter avec force dithyrambes à ses amis.
La faconde du baron serait certainement morte avec lui si un premier écrivain, Rudolph Erich Raspe n’avait recueilli puis ordonné tous ces récits publiés en anglais en 1785. C’est ensuite à l’écrivain allemand Gottfried Bürger qu’on doit, plus qu’une traduction, un remaniement de ces histoires. Elles paraissent en 1786.
À la faveur d’un style qui jongle avec la satire, s’égare dans le truculent et frise même la veine poétique, Bürger a donné au héros pittoresque une personnalité littéraire que n’a pas démentie la postérité (jusqu’au grand écran).
Si certains thèmes retranscrits ou rajoutés par l’auteur appartiennent à l’imaginaire collectif qui le précède depuis l’antiquité (comme, entre autres, L’Histoire véritable de Lucien de Samosate ou le conte des Trois doués), la figure du héros se sauvant d’un marécage en se tirant les cheveux, attachant son cheval à ce qu’il croit être un tronc d’arbre mais qui se révèle un clocher, risquant sa vie pour une bouteille de vin, découvrant le crâne ouvert d’un buveur invétéré, etc..., n’a pris les traits que du seul Münchhausen.
La traduction par Théophile Gautier n’a pas une ride. Il lui manquait néanmoins (omission certainement volontaire pour ne pas choquer ses contemporains) l’épisode de l’autre moitié du cheval (coupé en deux) et d’importants détails relatifs à la naissance probable d’un partisan qui prit la parole en l’absence du baron. On les trouvera dans cette édition. En dire plus serait les déflorer...

mercredi 9 février 2005

Qui est le Baron de Crac?

Le Baron de Crac est un personnage littéraire inventé par le baron de Münchhausen (1720-1797), officier allemand qui servait dans l’armée russe contre les Turcs en 1740, dont le destin et la faconde devint aussi légendaire que celle de son homologue français Cyrano de Bergerac. Les aventures du baron de Crac, dérisoires et absurdes, sont une mine d’or pour les amateurs de paradoxes.
En France, Monsieur de Crac est « le hâbleur, l’homme des vantardises étourdissantes » (Jean-François Collin d’Harleville, Monsieur de Crac dans son petit castel, ou les Gascons, comédie en 1 acte et en vers avec un divertissement, Paris, Comédie-Française, 4 mars 1791). La figure de Crac sera maintes fois reprise au dix-neuvième siècle et confondue alors avec Münchhausen. C’est la reprise d’un imaginaire collectif amplifié par du merveilleux et de la truculence d’un militaire nostalgique d’exploits un peu comme Tartarin de Tarascon.
Cami a composé un pastiche burlesque du Baron de Münchhausen : le Baron de Crac, militaire français, commandeur de l’ordre du Royal-Jabot, courtisan de Louis XV. De sa retraite en Gascogne, au château de la Cracodière, il raconte à ses invités émerveillés d’avance les exploits qui établirent sa réputation universelle (épisodes de chasse, scènes de batailles, incidents/accidents, missions du roi...). Il possède un fidèle valet nommé Dodu. Extrait : "J’ai toujours eu horreur, vous le savez, mes amis, de ces récits extraordinaires, de ces prouesses invraisemblables dont se vantent trop souvent chasseurs ou pêcheurs à la veillée. Le modeste souvenir de chasse que je vais vous conter a du moins pour lui d’être absolument véridique. D’ailleurs, vous allez en juger..." (Cami, Les Aventures sans pareilles du baron de Crac, Petite bibliothèque blanche, Hachette, 1926).
Jean Image s’inspirera des dessins de Cami pour représenter le baron de Münchhausen dans son dessin animé : Les Fabuleuses aventures du légendaire baron de Münchhausen (1978).
André Tissier esquisse une passionnante étude sur ce personnage : M. de Crac, gentilhomme gascon. Étude de la formation littéraire et des transformations d’un ‘type populaire’, suivie d’un aperçu sur la vie littéraire du personnage de 1791 à 1950, pour servir à déterminer l’historique et la nature des rapports entre M. de Crac et le baron de Münchhausen, Didier, 1959 (Études de littérature étrangère et comparée, 36).